J’en vois de toutes les couleurs
Départ des chutes d’Iguazu direction Humahuaca, 1500km fait en 3 jours. Des lignes droites interminables dans un paysage plat où seul les cadavres des animaux sur le bord de la route m’ont marqué, chevaux, chien, âne, renards. Heureusement tout de même ils étaient bien plus nombreux sur leurs 4 pattes qu’allongés sur le sol.
Plus je me rapprochais de ma destination, plus je voyais se dessiner une partie de la cordillère des Andes devant moi.
Et c’est sans le savoir, que j’ai emprunté la route de la Quebrada de Humahuaca, déclarée patrimoine culturel et naturel de l’humanité en juillet 2003 par l’UNESCO. 150km dans un canyon entouré de montagnes vertigineuses et colorées. Je regardais à ma gauche je voyais des montages sur 4/5 plans différents, je regardais à droit, la même chose !
C’est vraiment époustouflant comme paysage, malheureusement et teubé comme je suis, j’ai perdu la vis qui sert d’attache à la go pro que des amis m’ont offert. Je n’ai donc pas pu m’en servir pour vous faire partager cette magnifique route (et celle des prochains jours aussi, je suis tellement dépité, il faut vite que je trouve une solution). Je suis trop déçu car le paysage change tellement rapidement que je pourrais faire des arrêts photos toutes les 10 minutes. J’ai cependant 2 videos qui j’espère vous laisserons tout de même apercevoir la beauté et le potentielle de l'endroit.
Apres en avoir pris plein la vue, me voilà arrivé à Humahuaca, un petit village de 11 000 habitants à 3000m d’altitude, perdu au milieu de toutes ces montages. J’y suis resté 2 jours avec au programme visite de la ville et repos.
Dimanche soir, dernier jour ici, je planifie ma journée du lendemain.
Aller à un garage à l’heure d’ouverture, c’est à dire 9h, pour faire un check-up de la moto. Ensuite visite de la montage aux 14 couleurs, puis visite des Salinas Grandes, la quatrième plus grande étendue de sel d'Amérique du sud.
Le lendemain matin après avoir attendu 30 minutes que le proprio du garage vienne je lui demande pour la moto et il me dit qu’il ne peut pas ce matin mais que je peux repasser à 17h.
Cela m’oblige donc à rester une journée de plus ici. Je réserve un nuit dans un petit hôtel et je pars en direction du point de vue pour observer la montage aux 14 couleurs. Il se situe à seulement 25km de la ville, mais il faut emprunter une piste pour s’y rendre. Environ 50 minutes de trajet avec un dénivelé positif de 1350m.
Sur le chemin j’ai pu observer mes premiers lamas.
Retour au village vers 12h 12h30, je vais donc à l'hôtel en attendant 17h.
17h pile je suis devant le garage, pas de signe du proprio. 17h10, 17h20, toujours personne. Je décide de lui envoyer un message WhatsApp. Il me répond avec 2 messages vocaux alors que je lui ai dit que je ne parle pas Espagnol. Je lui demande s’il peut m’écrire à la place mais pas de réponse. Après avoir trouvé non sans mal une application pour traduire des messages vocaux je découvre qu’il ne s’occupera pas de ma moto car il est occupé. Il m’a donc fait patienter jusqu’a 17h pour rien, j’ai donc aussi réservé une chambre d’hôtel pour rien.
(Le seul avantage et que dans l’hôtel où j’étais il y avait une machine à laver, j’ai donc pu pour la première fois nettoyer mes vêtements autres que dans un évier)
Après lui avoir dit poliment que c’était une merde, il m’envoie le numéro de 2 personnes à qui je peux demander.
J’ai pris contact avec l’un d’entre eux et il me dit qu’il est dispo. Je lui demande si demain 9h c’est bon pour lui il me dit ok. Le lendemain je suis à 9h à l’adresse qu’il m’a donné. Je ne trouve pas son garage, je lui demande alors plus de précision, 9h10, 9h20 pas de réponse. Je lui envoie « vous êtes la ? » il me repond dans la minute « Je ne suis pas là » sans plus d’info. Je lui demande s’il va pouvoir regarder ma moto, pas de réponse. 9h30 je plis bagage et je pars en direction de Salinas Grandes.
Pour s’y rendre depuis Humahuaca c’est 140km à travers les montages. Ma première route de montage en moto et c’était un pur kiff avec une vue à couper le souffle tout le long du trajet.
Sur les quelques km avant d’entamer la route dans la montagne j’ai trouvé un petit garage sur le bord de route qui a pu faire un check-up de la moto.
Tout est nickel je peux prendre la route sereinement !
Après cette petite halte il est temps de prendre la Ruta 40. Une route de 5000km qui parcours l’argentine du nord au sud et qui nous fait voyager à travers différents paysages. Des chaînes de montagnes, aux plaines arides, en passant par des portions de routes verdoyantes avant d’arriver au fameux glacier, Perito Morino qui sera ma derniere destination en Argentine. Mais j’ai encore du temps avant d’y arriver !
Et c’est avec 100km de piste que j’entame cette aventure sur cette route.
100km qui n’auront pas était de tout repos, vraiment pas.
Entre gros cailloux, portion de route ensablée, sol glissant par endroit, je n’ai pas assez de doigts pour compter le nombre de fois où j’ai failli tomber. Par contre j’ai assez de doigts pour compter le nombre de fois où je suis tombé, 1.
Ma première chute en moto, dans une portion de route ensablée, première fois que je roulais dans du sable et ça n’a pas pardonné. Avec l’épuisement de la route qui n’est franchement pas agréable à rouler car parsemée de bosses
je n’ai pas su relever ma moto tout seul. Mais 5 minutes après ma chute une voiture est passée et ses occupants mon aidé. Reprise de la route avec grande prudence jusqu’a San Salvador de Jujuy pour y passer la nuit. Mais qu’elle ne fut pas m’a surprise quand lors d’une pause pour boire je me rends compte que le bidon d’essence que j’avais dans mon top case c’est ouvert lors de la chute… j’avais donc 2L d’essence qui s’était vidé. Tenue de pluie, tente, sac de couchage, tout ce qui était dedans empeste l’essence (et tout ce que je mets dedans empeste l’essence. J’y ai mis des biscuits encore emballé 1 jour après le drame, quand j’en ai mangé un il avait le goût d’essence, lorsque je rotait ensuite j’avais un gout d’essence en bouche et avec le casque en plus je vous raconte pas le supplice). Bref après une première chute, l’essence renversé et une route toute cabossée, c’est avec les mains, les bras et le dos en compotes à cause des vibrations que j’arrive à destination.
Le lendemain reprise de la route, 140km annoncé et cette fois ci à travers montages et rivières. Si je retrouve l’enculé sur internet qui a dit que sur les 140km il y avait que 25% de piste. J’ai eu le droit que à 18km de bitume…
À peine 500 mètres sur la piste que je tombe de nouveau sur une portion ensablée, et rebelote une nouvelle chute. Cette fois si en pleine forme (tu m'étonnes ça fait même pas 10 minutes que tu roules) aucun mal à remonter la moto. S’en suit une route compliquée mais avec des paysages toujours époustouflants.
Abra de Acay, point culminant de la Ruta 40 avec c’est 4 972m.
J’ai fait la rapide rencontre de 4 personnes au sommet de Abra de Acay. On se croisera à plusieurs reprises sur la route pour redescendre en direction de Cachi, ma prochaine escale.
Je fut le premier à entamer la descente. Les autres descendrons une bonne demi heure après moi, avant de me rattraper rapidement avec leur 4x4. Descente qui ne sera pas facile du tout et qui me réservera bien des surprises. Entre des portions de route à flancs de montage à peine assez épaisses pour y laisser passer un 4x4 et des rivières à traverser il a fallu qu’il y ait un virage en épingle couvert de sable. Vous voyez le truc venir, descente, virage, sable, déjà que quand c’est plat je tombe alors dans ces conditions là je vais pas y louper. Et Paf troisième chute en l’espace de 2 jours. J’essaye de relever ma moto mais elle est en plein milieu d’un virage, en descente, sur du sable. J’essaye une fois deux trois fois rien n’y fais j’y arrive pas. je décide de prendre une petite pause car essayer de soulever quasiment 220/230 kg à +4500m ça épuise vite, surtout sportif comme je suis. Mais je sens une odeur d’essence et je vois que ma moto perd de l’essence, pourtant la chute n’était pas violente. Je commence à me dire merde, je suis au milieu de nulle part, je perds de l’essence ,il me reste la moitié du chemin à faire et à ce moment la je ne savais pas si les personnes que j’avais rencontré au sommet allaient dans la même direction que moi ou pas. Petite montée d'adrénaline, j’allège ma moto en enlevant le top case et une sacoche latérale. Apres un cri ridicule mais qui mine de rien aide j’arrive à soulever ma moto et la caler tant bien que mal en pente. J’observe alors la moto et je vois que plus rien ne fuit, ouf ! Je continue alors ma route jusqu’à Cachi ou j’y ferais une halte de 2 jours pour me remettre de ces 2 jours de piste, de chutes et de courbatures.
Et c’est donc après 140km éprouvant, fait en seulement 5h40… que j’arrive à Cachi.